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jeudi 20 décembre 2012

Black Swan

Sorti le 9 février 2011
De Darren Aronofsky 
Avec Natalie Portman, Vincent Cassel
Genre: Drame, Thriller
Américain









« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Antoine Lavoisier


Je l’avais toujours perçu comme parfait. 
Ce ballet représente, incarne, est la perfection. 
Elle existe à travers ce ballet, ses mouvements, ses pas, ses interprètes, sa musique. Chaque coup d’archet, chaque coup de pointe, chaque porté, chaque levée, chaque pas chassé, chaque pas de bourré, chaque glissé, chaque geste des bras, chaque tour est parfait. 

Lorsque je vois le Lac des Cygnes, j’en ai les yeux qui pleurent. Ici j’avais juste les yeux plein d’eau mais tout de même. La réalité est paradoxalement retranscrite à travers la folie et la déraison. De manière subtile mais assez évidente, car tout est question d’équilibre, un équilibre fragile mais fort où tout est contrebalancé à sa juste mesure et où tout ne tient souvent qu’à une pointe, Black Swan nous jette en pleine figure la vérité d’un monde qui change, qui se transforme, qui grandit, qui évolue, qui se modifie à toute vitesse mais qui ne contrôle plus rien, d’un monde bouleversé et bouleversant comme le film, d’un monde complètement fou, dangereux voire même malade. 




La petite fille fragile jette sa boîte à musique violement parce que la petite mélodie devient grinçante, elle repousse l’autorité parentale, la figure du parent déchu qui transpose son rêve et ses espoirs à l’extrême sur son enfant, elle se met littéralement à nu pour mieux renaître. Sa peau est écorchée vif parce que cela lui en coûte que d’être en transition entre deux âges, deux univers, deux psychologies, deux manières de voir les choses, deux statuts : elle est d’abord retenue, faible et lâche puis lâchée, passionnée, forte et courageuse. Quelques plumes lui suffisent à ce qu’elle s’envole et trouve sa voie, celle de la gloire et de la réussite qui brillent, ce que nous cherchons tous plus au moins au fond : l’accomplissement personnel d’un rêve pour lequel l’on a tant bataillé, pour lequel l’on a du faire tant de sacrifices, pour lequel l’on a du tant souffrir enfin. Les danses se mélangent tout comme les lumières, les sons et les couleurs, tout part en transe. On ne distingue plus le drame de la joie, le tragique de l’euphorie, les pleurs de tristesse et de pression des pleurs d’exaltation et de satisfaction, le bien du mal, le songe de l’éveil, le cauchemar du rêve, la peur du calme, la réalité de l’irréel. 

Bande annonce VOST

Tout se transforme. Tout change et on doit accepter ce changement pour en ressortir vainqueur ou tout du moins atteindre la perfection. Elle l’a senti au plus profond de ses tripes et on l’a entraperçu avec elle parce que la caméra la suit partout et nous avec, parce que juste derrière son épaule, nous sommes son ombre. Ici c’est de la pure création. De la beauté à l’état brut comme un diamant qui scintille sous les projecteurs et s’éclate en mille morceaux sur le plancher martelé de la scène, comme le miroir qui se brise en mille morceaux et laisse couler le sang. L’épreuve est trop terrible. Le suspens est haletant et on ne voit pas une minute passer trop lentement. La photographie est époustouflante puisque l'on est au plus près des corps en travail, en sueur, des muscles tendus et au cœur des mouvements. La dynamique est l’objet principal ici. Il s’agit de vivre, de partir à l’aventure sur un coup de tête, de se laisser tenter encore une fois par de nouveaux horizons au lieu de rester confiné dans une routine trop rigide et une mentalité trop stricte. Il s’agit de se laisser porter par les rencontres et la nuit. Il s’agit de vivre pour pouvoir émouvoir et retranscrire la passion et la séduction sur la scène. La perfection de la technique ne suffit plus, il faut aussi avoir le talent et le style, comme dans tout art. La leçon n’en est que plus édifiante. A nous de ne pas nous noyer dans un trop plein d’eau, d’émotions, de confusion, de trouble, dans le lac de coïncidences, dans le lac de la perdition, dans le lac saumâtre de l’aveuglement.

Alors, tous à vos écrans! 


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