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samedi 6 avril 2013

Retour sur Cinélatino [3ème prise]


 Chronique pour Radio Mon Pais 

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Jeudi 21 mars 2013, 11h05 après la chanson Diablo Rojo de Rodrigo y Gabriela, émission spéciale Cinélatino présentée par Laura


" Bonjour à tous! 


Je commence cette chronique par vous raconter les impressions que j'ai pu avoir sur ses derniers jours de festival, de lundi à jeudi.


Lundi j'ai enfin pu assister à des courts métrages. Ceux qui sont passés faisaient partis du programme  n°1 en compétition.
Le premier court métrage brésilien de Juliana Rodas, Le Double, traite de la question fantastique de l'apparition d'un double. Un court assez inquiétant et dont vous ressortirez perturbés et perplexes.
Le deuxième court, Don Sabas, une réalisation mexicaine de Juan Manuel Zuniga, est un hommage aux grands parents à travers un grand père qui s'attache à un petit garçon. La fin est déchirante mais ce court est très émouvant, et ce avec seulement quelques paroles. Pas besoin de plus parfois pour transmettre l'émotion.
Rodri est le nom du personnage principal du 3ème court qui est colombien. Adulte, Rodri ne travaille plus depuis 8 ans et ne souhaite pas se reprendre en main, il profite de la vie et surtout il tire parti de ses soeurs qui l'entretiennent financièrement. Mais les soeurs n'en peuvent plus et essayent de le bouger! Tâche difficile transmise avec de l'humour et du désespoir au sein d'une famille en difficultés comme toutes les autres.
Le dernier court métrage a été de loin mon préféré. Il s'appelle Feijoada Complète. Cette réalisation brésilienne d'Angelo Defanti parle de Carol qui veut quitter son mari mais qui n'y arrive pas du tout. La voix off nous explique au fil de l'histoire les pensées et les émotions des personnages. Au milieu de cette indécision pour quitter son mari, Carol doit préparer une feijoada pour les amis de son mari qui vont bientôt arriver. Une feijoada, c'est ce plat typiquement brésilien composé de riz blanc, d'haricots noirs, de farine (farofa), de saucisses, etc. Il y a dix mille choses à préparer, Carol est très occupée et en même temps sa mère lui met la pression pour partir. Indécise, elle arrive finalement à préparer le plat et le déjeuner est une réussite, tout le monde s'amuse bien. Le court est directement inspiré d'une chanson éponyme de Chico Buarque et d'un récit de Luis Fernando Verissimo. Ce court vous invitera à passer un moment convivial entre amis et réveillera vos papilles gustatives. Avec un rythme dynamique tout le long du court, la chute est excellente. Elle marque un point final surprenant et ironique. 

Chanson "Feijoada Completa" de Chico Buarque 

J'ai ensuite vu Civilizacion de Ruben Guzman en compétition dans la catégorie documentaire. Guzman a choisi de nous présenter la vie de l'artiste controversé argentin Leon Ferrari, aujourd'hui âgé de 90 ans mais qui ne les fait pas du tout ! On découvre donc les nombreux travaux plastiques, artistiques, les installations et les projets d'écriture de l'artiste au fil de sa carrière. Même si vous ne connaissez pas son travail, comme moi au début du film, vous apprécierez le découvrir. Surtout si vous aimez l'art contemporain, ce documentaire est fait pour vous! On y retrouve une réflexion sur la fameuse question "qu'est-ce qu'une oeuvre d'art?" mais aussi sur la problématique de la religion. En effet, Leon Ferrari a longtemps critiqué la religion dans ses oeuvres et dans ses discours. D'où les larges manifestations qu'ont suscitées une rétrospective de son travail en Argentine en 2004. Leon Ferrari est toutefois à découvrir pour son esprit original: pour lui, que ce soit de l'art, de la politique ou de la critique corrosive cela n'a pas d'importance, du moment qu'il fait passer son message! On ne découvre pas seulement la vie et la vision d'un homme ou d'un artiste, mais on va au-delà en interrogeant notre propre Histoire et nos présupposés.
Vous pourrez retrouver ce documentaire à 12h15 demain vendredi 22 mars à l'ABC pour une discussion à la fin du film avec Ruben Guzman, à ne pas rater!

  

A la fin de votre journée cinéma, vous pouvez aller vous restaurer au village cinélatino: les délicieux tapas sont à 4€ et les empanadas à 2€50. En goutant ces spécialités, j'ai pu apprécier la musique mélodieuse de Joandre Camargo Trio composé d'une guitare-voix, d'une batterie et d'une contrebasse. Cette samba alternative à paroles et tintée de jazz m'a donné envie de bouger malgré le froid. A connaitre absolument: voici un échantillon : 

Samba de uma nota

A présent, laissez-moi vous parler de deux longs métrages chiliens en compétition pour le prix du meilleur long métrage de fiction.

Soy mucho mejor que vos (Je suis bien meilleur que toi) et Joven y alocada (Jeune et foldingue) 

Commençons par Soy mucho mejor que vos de Ché Sandoval. Comme il l'explique au début du film, celui-ci fait suite à son premier film Te creis la mas linda (Je te crois la plus belle) où les personnages, plus jeunes, sont aussi en quête de relations sexuelles dans les nuits perdues du Chili. Ché Sandoval, de son vrai nom José Santoval Santibanez, explique aussi que même pour les français parlant l'espagnol, il vaut mieux lire les sous-titres et s'accrocher car dès la première scène, c'est un espagnol avec un accent chilien très fort qui est parlé. Je m'accroche donc! 

Le film traite d'un homme dont la femme est partie à Barcelone qui se retrouve donc seul et déprimé à Santiago, avec une entreprise un peu vacillante sur les bras et peu d'argent dans les poches. Tout au long de la nuit, on erre avec lui, on l'accompagne dans sa recherche désespérée de relations sexuelles. Mais à chaque fois qu'il en a l'opportunité, soit la fille lui échappe, soit il refuse et finalement s'en va. Comme l'explique Ché Sandoval à la fin de la projection, le film dépeint les hommes machistes et lâches chiliens. Il parle d'un Chili conservateur où, même si les femmes arrivent à avoir le même travail que les hommes, à gagner leurs droits et à devenir plus égales des hommes, elles se confrontent toujours à ce conservatisme qui génère un choc des genres. 

Le long-métrage nous montre en effet les conflits de genre au travers des lumières froides et des bars et des musiques undergrounds de la capitale. Le film est encore une fois riche en humour et en cynisme, en réflexions sur le sexe et sur les relations homme-femme. Le trentenaire se rend en fait compte de son pathétisme, ce qui est dépeint avec beaucoup d'ironie: il n'arrive même pas à rester avec son fils et à s'assumer en tant qu'adulte. On assiste donc à une interrogation sur la masculinité chilienne et sur ses rapports avec les femmes. Ce qui finalement est un thème universel! Ce qui est intéressant, c'est que le trentenaire n'est pas qu'un homme perdu, ce n'est pas qu'un homme quitté, c'est aussi un père de famille, un ami, un patron, un homme qui cherche, qui a des envies, qui essaye sans forcément y arriver. On peut alors être surpris de découvrir toutes ces différentes facettes de la masculinité! 

C'est donc à découvrir cet après-midi à 14h à l'ABC en présence du réalisateur Ché Sandoval.    

Bande-annonce en VO espagnol sous-titré anglais

J'ai ensuite couru d'une séance à l'autre entre l'ABC et la Cinémathèque (heureusement que c'est à côté n'est-ce pas?) pour pouvoir enchaîner avec Joven y alocada de Marialy Rivas. 

La réalisatrice, habillée de manière "jeun's", nous présente son film en le dédiant à une certaine "Camille", la "vraie jeune et folle". Dès le début du film, le thème de la sexualité est lancé ainsi que le ton cru du long-métrage qui le parcourra ensuite du début à la fin. On suit la vie d'une jeune adolescente de 17 ans en prise aux émois de son âge. A travers l'écriture de son blog, elle raconte la religion évaévangéliste de sa famille, son histoire, ses amours, ses nouvelles expériences sexuelles. on découvre alors deux mondes complètement opposés: l'évangélisme et le sexe. Religion et sexe sont reliés par un humour corrosif et provoquant, le film est dynamique, ouvert d'esprit, jeune et divertissant. On rit beaucoup et on découvre le monde du chat, des blogs et des posts. Grâce à un montage acidulé, les écritures de blog se rajoutent aux images filmées, les photos et les vidéos à répétition s'enchaînent avec beaucoup de couleurs. C'est vivant, ça bouge! Il y a du sexe mais surtout beaucoup d'amour et de peines, beaucoup d'interrogations sur toutes ces découvertes! Des plans rapprochés et intimes donnent une réalité palpable au long-métrage. 
Un film drôle et qui donne la pêche! A voir ou à revoir à la cinémathèque cet après-midi à 16h15 en présence de la réalisatrice Marialy Rivas!
 


J'aimerais vous raconter une dernière anecdote. Je me rendais au restaurant universitaire de l'Arsenal, la faculté de droit, quand j'ai soudainement été happée par une musique latino dans le hall d'entrée. Et c'est en m'approchant un peu plus que j'ai vu qu'il y avait plusieurs couples de danseurs de salsa. J'ai demandé à l'homme au micro apparemment en charge. En fait il s'agissait d'étudiants toulousains dansant la salsa pour marquer le coup entre le partenariat du CROUS de Toulouse et Cinélatino. Tout ça pour vous dire: ouvrez bien grand vos yeux et vos oreilles car le festival Cinélatino est partout dans la ville et dans la région, même là où vous vous y attendez le moins!   





Le festival continue jusqu'à dimanche alors profitez-en tant qu'il est encore temps! 


Merci de votre écoute et à bientôt devant les films latino-américains!"

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