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mercredi 27 février 2013

Petit détour d'horizon des séries du moment

Dans la série « où ils font un métier vraiment class », je demande…

Suits

 Si vous aussi, vous comprenez tout au droit des affaires, cette série s’adresse carrément à vous. Si vous non plus, vous ne comprenez rien au droit des affaires, cette série peut tout de même s’adresser à vous. Je connaissais les séries policières, les flics et les voyous, les enquêteurs, les experts scientifiques, les agents du NCIS et les écrivains-policiers de CASTLE. Je connaissais aussi les avocats de la série française Avocats et associés, une vieille série innovante mais… comment dire… française et donc un peu ennuyante. Suits met pour moi pour la première fois vraiment en relief les intrigues et les ressorts d’un vrai cabinet d’avocats, de tout ce qui s’y cache, s’y passe et y explose. La première saison avait déjà donné une bombe en terme de scénario, de réalisation, du jeu des acteurs et la deuxième saison est loin de décevoir. Les épisodes s’enchaînent autant que les drames raciniens et les complots shakespeariens.Même si parfois les affaires sont difficiles à suivre parce qu'il y a beaucoup de retournements de situations entre qui va gagner, qui va perdre, pourquoi et comment, grâce à quelle interprétation de quelle loi ou quelle infraction de telle règle, on prend tout de même plaisir à regarder cette série. Non seulement, elle est didactique et intelligente, mais au delà de cela, elle est la quintessence même du divertissement: beaux hommes, belles et puissantes femmes, beaux costumes, beaux décors, lignes épurées des grattes ciels illuminés de Manhattan, baies vitrées vertigineuses, de la bonne musique, dialogues toute en finesse et réparties à vous glacer le sang, robes de soirées et coktails dans les bars chics de New York, scènes hots en jet privé et autres bibliothèques, gros contrats, gros clients, conflits internes entre salariés, fusions et risques de faillite, jalousies, rancoeurs, ambitions, échecs, peurs, tout y est. Le coktail américain est explosif, impeccable, tenu, jouissif mais surtout magique. 

Homeland
 

La deuxième saison a fait son apparition en grandes pompes. Elle était sur-espérée et attendue au quart de tour par tous ses fans. C’est peut-être à cause de cette trop grande attente par rapport à une première saison géniale qu’on a été déçu. Les trois premiers épisodes de la deuxième saison se révèlent en effet assez plats, mous et on se demande bien où tout cela nous mène. Il est vrai qu'il était assez difficile de redémarrer après la fin plutôt fermée de la première saison. Cependant, je ne m'attendais pas à une telle baisse de niveau: les dialogues ne sont pas excitants, le début du deuxième épisode aurait du être la fin du premier qui manquait carrément de suspens (la base de la série) et qui ne donnait pas du tout envie de voir la suite, etc. Les défauts se constatent de manière répétitive ce qui lasse. Heureusement, en continuant et en persévérant, la suite rebondit assez vite et retrouve son punch, sa dynamique initiale. Le suspens est de retour comme aux premiers instants et on se reprend d'affection ou tout du moins d'inquiétude pour les personnages qui étaient devenus ennuyeux. La deuxième partie de cette deuxième saison est nettement meilleure et m'a redonné espoir quant à l'excellente qualité de cette série sur les agents de la CIA, la difficulté de combattre le terrorisme, les conflits intérieurs et extérieurs, et la crainte et la méfiance face aux soldats revenus d'Afghanistan qui doivent se réinsérer dans la vie quotidienne aricaine tout en étant soupçonnés d'être des terroristes. Les scènes sont fortes en émotions, parfois dures, parfois presque insoutenables pour nos nerfs qui sont à deux doigts de lâcher à peu près tout le temps de visionnage. La complexité s'immisce dans la série de manière encore plus prégnante ainsi que les doubles intrigues. On se méfie de tout le monde et de tout. On cherche à résoudre les énigmes avec les enquêteurs tout en ne leur faisant pas confiance. On se prend au jeu de l'intrigue qui exalte la dangerosité des missions ainsi que les enjeux sous-jacents aux relations internationales et diplomatiques. Les dialogues retrouvent leur justesse et le jeu des acteurs est à son niveau optimal. Le montage, la réalisation, le scénario: tout est parfaitement rodé. ALERTE SPOILER, la fin de la saison 2 est à la fois géniale et décevante. Géniale parce que le suspens est à son comble et qu'attendre septembre pour voir la suite semble interminable, géniale aussi par le tournent que prennent les choses et par l'énorme surprise de l'ultime attentat resté inexpliqué puisqu'Abu Nazir a été éliminé. Décevante parce que j'aurais aimé que Carry s'enfuie avec Brody pour les eaux internationales, dans une fuite en avant romantico-dangereuse et désespérée, qu'ils aillent jusqu'au bout au lieu qu'elle revienne sur ses pas. Mais cet avis reste entièrement personnel. Quelques défauts cependant: faux raccords et manque d'informations ont été observés sans parler du jeu médiocre de l'actrice Morgan Saylor qui interprète Dana Brody. De plus, on aurait attendu une fin plus explosive, plus grandiose pour le terroriste que l'on voulait voir disparaître depuis si longtemps, depuis deux saisons ; on aurait attendu davantage de soulagement et de mise en scène. La série Homeland n'en reste pas moins un bijou de série d'action, de suspens, de mélange entre investigation policière et film d'espionnage, réflexion politique, intrigues dans les plus hautes sphères du pouvoir et dans les secrets de la "lutte contre la terreur". A tout cela ajoutez des personnages très bien construits, dont on suit l'évolution psychologique, morale, éthique et sentimentale avec engouement. Ajoutez également l'originalité passant la simple série d'actions et d'explosions 24 H et vous obtenez Homeland, l'une des meilleures séries du moment. 


Dans la série « où ils sont censés vous faire rire, vous faire oublier vos problèmes et vous alléger la tête », je demande…  

How I met your mother

Alors qu’on aurait pu croire qu’à la huitième saison, la série se serait essoufflée et même si parfois c’est le cas, c’est moins drôle comme aux premiers jours, c’est moins original, la série réussit à garder tout son intérêt et son humour jusqu’aux derniers épisodes récemment sortis. How I met maintient son niveau de délire et de folie, tout en apportant un nouveau relief aux personnages. La série, si elle ne me fait plus rire comme avant, a pour le moins le mérite de toujours me faire sourire et d’avoir su rappeler à sa mémoire les classiques et traditionnelles histoires drôles et délirantes. La poésie est aussi très présente comme cette scène où tout part en cendres, en feux d’artifice et que malgré les destructions et les problèmes, ils restent tous solidaires les uns des autres… L’émotion est vive et l’épisode où -ALERTE SPOILER- Barney demande Robin en mariage est juste tellement chargé en sentiments et en mélo-niaiserie-dramatico-romantisme qu’on est satisfait par la réalisation et l’écriture d’une telle histoire, d’une telle demande si bien montée, si bien trouvée et si bien dévoilée. Depuis plusieurs épisodes, le spectateur est trompé autant que Robin l’a été et découvre le fin mot de l’histoire avec autant de stupéfaction, d’étonnement, de colère et de joie mêlés que Robin, ce qui ne fait qu’accentuer notre implication émotionnelle et notre identification. J’ajouterai qu’on sent cependant la fin arrivée lorsque Ted sort avec sa dernière copine avant la « mère » qu’on cherche à rencontrer depuis le début. Les flashbacks continuent d’avoir lieu tout en se rapprochant de la conclusion, qui je l’espère, sera à la hauteur de nos attentes, de l’esprit de la série et de ce qu’ils ont réalisé jusqu’à présent. Le suspens se fait croissant à mesure que l’on sait que la fin et donc la mère approchent. Et même si l’on pourra être déçus de ne plus avoir notre dose hebdomadaire du dernier épisode de How I met, comme nous l’avons été quand F.r.i.e.n.d.s s’est terminée, comme on dit, toutes les meilleures choses ont une fin et avant de tomber dans les risques de la lassitude et des blagues pas drôles, j’espère aussi qu’ils sauront s’arrêter au meilleur moment, au sommet et pas dans la vallée.

Raising Hope

Jolie surprise que de découvrir cette famille complètement déjantée qui s’apprête à faire face aux difficultés d’élever un bébé non désiré. Et si le titre n’est pas assez explicite, il faut une bonne dose d’espoir pour élever ce bébé prénommé Espoir, qui en donne aussi ! De franches rigolades en perspective dans la suite de cette série en format court, ce format depuis si longtemps adopté pour son aspect pratique et divertissant. A continuer sans faute pour voir comment évoluent les liens entre ces touchants personnages et surtout comment va s'en sortir le papa et sa famille face au bébé, dans quels mésaventures vont-ils encore s'engouffrer. 




Dans la série sur le métier de journaliste… je demande la série… Ha bah nan mince il n’y en pas ! Tout du moins, il n’y en AVAIT pas. Désormais les chaînes sont fatiguées des séries fantastiques, des séries hospitalières, humoristiques, policières, etc. vues et revues en long, en large et en travers. Alors elles ont décidé d’observer à la loupe les relations qui sous-tendent les journalistes, ce qui en soi est une très bonne idée et nous change de notre quotidien thématique sériel.


The Hour

Le premier épisode de la saison 1 est incompréhensible. Les trente premières minutes sont si mal montées que le bon jeu des acteurs et le thème a priori intéressant de la conception d’un journal, du monde des journalistes anglais dans les années 1960 tombe à l’eau. Le but premier d’un épisode pilote est justement d’indiquer toute en finesse et en subtilité au spectateur qui est qui, comment, pourquoi, etc. Les questions de base en somme. Or ici, le scénariste a choisi d’écrire chaque phrase dans le doute et le double sens comme si le spectateur devait tout deviner sans rien comprendre à la trame de l’histoire et aux liens entre les personnages. Une grosse déception… mais comme je ne me laisse jamais abattre et que j’ai appris de mes nombreuses années de visionnage de séries qu’il ne faut jamais s’arrêter au premier épisode et à la première impression, je serai persévérante et poursuivrai le visionnage de The Hour rien que pour essayer de comprendre quelque chose, pour être d’accord avec les critiques positives, et enfin afin de rester immergée dans cette reconstitution historique qui pour le coup est bien faite. Cette critique est donc soumise à une condition totalement éphémère et demande à être revue et corrigée d'ici quelques temps, dans l'attente de voir ce qui peut s'améliorer dans mon jugement provisoire.

The newsroom

Un premier épisode tentant, un pilote bien lancé. L’action est in medias res et le ton est tout de suite donné entre les personnages. : entre la productrice puissante et le présentateur prétentieux se cache une relation profonde et tordue par de nombreuses souffrances qui ne peuvent rendre l’émission que plus explosive. Les problèmes inhérents aux choix des équipes, au vol des travailleurs, aux sujets à traiter et à la manière de les aborder, ainsi que l’absolue nécessité de vérifier ses sources et de savoir les mettre en relief apparaissent déjà dans la salle de préparation du JT, the news room, dans leur complexité et de ce fait, leur intérêt. Au cœur de l’actualité, on comprend mieux ce qui se passe derrière le simple plateau télé, derrière le simple présentateur qui lit son prompteur et derrière notre écran de télévision. On est stressé avec le producteur dans la régie pour que l’émission se déroule au mieux et toute information peut basculer d’une minute à l’autre, d’où la pression. A continuer sans faute. 

Alors, tous à vos petits écrans ! 

mardi 12 février 2013

Lincoln/Django Unchained



Lincoln                                                                                     Django unchained
Sorti le 30 janvier 2013                                                              Sorti le 16 janvier 2013
De Steven Spielberg                                                                  De Quentin Tarantino
Avec Daniel Day-Lewis, Tommy Lee Jones                                 Avec Jamie Foxx, Leonardo DiCaprio 
Genre: biopic, drame                                                                Genre: western, historique
Américain                                                                                 Américain


Les américains ont décidé de se replonger dans l'une des époques les plus sombres de leur histoire nationale, celle de l'esclavage et de la guerre de Sécession, à travers deux films sortis à peu près à la même période: Lincoln de Steven Spielberg et Django unchained de Quentin Tarantino. Autant dire deux grands réalisateurs qui ont déjà fait leurs preuves il y a bien longtemps.

Deux films très différents et donc incomparables mais qui pourtant se rejoignent sur leur thème de fond. Spielberg traite davantage de la personnalité du président Lincoln et du processus menant à l'amendement abolissant l'esclavage alors que Tarantino s'attèle à montrer les affres de l'esclavage deux années avant que n'éclate la guerre de Sécession, guerre américaine la plus meurtrière.

J'ai bien aimé Lincoln mais sans plus alors que j'ai adoré Django unchained qui était selon moi vraiment génial. Let's see why.

Lincoln



Spielberg est un bon réalisateur, pas de doutes là dessus, les films il sait les faire et il les fait bien. Pourtant, pourrait-on dire qu'il s'essouffle avec l'âge? La bande annonce de Lincoln nous promettait un film magnifique sur l'une des plus belles causes pour lesquelles on ait pu combattre avec moults péripéties et aventures. Cependant, à force de vouloir marquer les esprits et l'histoire et d'être trop épique, le film en devient trop mélodramatique. Chaque dialogue se transforme en un discours solennel emprunt de belles phrases et citations stylisées soignées par les scénaristes à chaque mot et à chaque virgule prêt. Chaque dialogue est une petite histoire dans la grande Histoire. Chaque phrase prononcée est un apprentissage, véhicule d'une morale. Tout cela est nimbé dans un nuage oppressant et sur représenté de violons lyriques et de musiques épico-classiques censées vous tirer des larmes d'émotion. Sauf que cela produit tout le contraire: ennui et agacement. 


Certes, les historiettes de Lincoln sont divertissantes et amusantes mais trop nombreuses. Il semble que Spielberg ait voulu mettre tous les détails historiques qu'il a pu rassembler et finalement cela crée une histoire décousue, mal montée, pleine d'éléments qui restent inexpliquées et trop fournie. La confusion devient reine et l'incompréhension totale devient maîtresse.

Je soulignerai cependant la remarquable prestation des acteurs aussi bien de Daniel Day-Lewis que de Tommy Lee Jones et de tous les autres. Ils nous plongent vraiment dans le contexte et leurs manières de penser de l'époque. Il est aussi intéressant de se rendre compte que l'amendement abolissant l'esclavage n'a pas été complètement voté sur des valeurs anti-esclavagistes et d'égalité de l'être humain mais bien sur des affaires de corruption pour obtenir le nombre nécessaire de voix. Lincoln se défend à un moment en disant qu'il ne s'agit pas de corruption car on ne donne pas d'argent mais un poste, un emploi. Belle parade pour contourner ce qui peut être appelé de corruption. Vous me direz que finalement ce qui compte c'est que l'amendement soit passé et pas comment il est passé mais je vous rétorquerai qu'il est important de voir sous la première histoire apparente les causes et les ressorts d'une telle conséquence qu'est l'abolition de l'esclavage. Les Etats-Unis qui s'enorgueillissent toujours d'etre l'une des premières nations à l'origine de la démocratie et de l'égalité peuvent bien recevoir ce film de Spielberg comme une leçon d'humilité face à la corruption, à la manipulation et au mensonge qui mènent la politique américaine. De plus, malgré le fait que le spectateur averti sache déjà l'issue positive du vote de l'amendement, Spielberg a tout de même réussi à maintenir un certain suspens et une excitation au moment du vote du treizième amendement. On se demande qui va voter pour ou contre, qui va changer d'avis, on se demande si les commissaires venant du Sud pour conclure la paix vont être découverts et tout mettre en péril. On se rend compte dès lors que cette abolition historique n'a tenu qu'à un fil et que le soulagement qui a suivi était bien mérité. 



Mis à part ces trois bons points, le film se révèle longuet et présente peu de relief. Il est clair que Lincoln incarne un personnage fort et très présent, qui sait mettre son public à l'écoute mais il est acclamé et adulé alors même que le combat idéologique s'essouffle derrière l'acharnement pour obtenir quelques voix de plus nécessaires. Cependant, il est beau de constater la lutte acharnée de Thaddeus Stevens interprété par Tommy Lee Jones pour l'égalité raciale entre les noirs et les blancs. Il a du toutefois se plier à avancer seulement un discours d'égalité devant la loi et non pas d'égalité raciale pour que l'amendement puisse être accepté par les mentalités pas encore aussi avancées que la sienne. Ce qui est incroyable c'est que le changement ait du se faire dans la crise et la guerre au prix de milliers de morts pour que les noirs puissent enfin obtenir leur liberté. Ce qui est encore plus incroyable c'est que malgré cette reconnaissance de leur liberté, il leur faudra encore un siècle pour que la ségrégation disparaisse et que les mentalités évoluent vraiment. On constate d'ailleurs que la dignité et l'égalité sont premières et deviennent la cause, la condition pré-requise pour obtenir la liberté.

Django

 Bande annonce VOST

En ce qui concerne Django unchained en revanche, Tarantino réussit un coup de maître à savoir rester fidèle à lui-même en ne succombant pas aux difficultés de réussir à nouveau un film après avoir reçu une palme d’or à Cannes en 1994 pour Pulp fiction et après en avoir convaincu plus d’un. Les attentes étaient importantes et n’ont pas été déçues. Django se démarque par sa bande originale absolument prolifique, variée, bien adaptée et géniale mais aussi pour sa photographie et son scénario impeccable.
Il est vrai que le film ressemble beaucoup à Inglorious Basterds : reprendre une époque controversée et horrible de l’histoire et en faire un film cinglant d’humour et de dérision. Tarantino a trouvé un bon filon et le réexploite. Cependant, cette fois-ci et au contraire d’Inglorious Basterds il ne change aucunement la réalité. Il a dépeint en fait avec un réalisme plus que cru comme en témoignent les scènes de punition au fouet, de torture, de racisme et de tueries bang bang où tous les cow boys se tirent dessus avec leur gun et avec une facilité déconcertante.


La violence, un thème toujours sujet à débat…

Tarantino nous présente un vrai western spaghetti où le sang est du ketchup et où la violence est tellement exacerbée qu’elle devient parfois fausse, surfaite, oserais-je dire parfois inutile. Il est évident que les scènes de torture sont là pour dépeindre une réalité tout aussi horrible soit-elle et qu’elles ne sont pas inutiles. Cependant, je pense que le combat à mains nues entre les deux noirs ou le noir qui se fait manger par un chien sont des scènes gratuites, montrer de la violence pour montrer de la violence. Je n’aime pas la violence gratuite dans les films et pourtant j’adore la filmographie de Tarantino. C’est paradoxal, je sais. Mais même si cela constitue entre autres choses la patte du maître, il pourrait faire des films tout aussi bien sans en rajouter autant. Voir des boyaux et des organes n’est pas en soi esthétique ni intéressant pour comprendre la portée du film. En revanche, Django est beaucoup moins violent ou gore qu’Inglorious Basterds ou que Kill Bill par exemple alors qu’on m’avait dit le contraire. Se serait-il légèrement calmé et assagi l’âge venant ? Quoi qu’il en soit, soit on ferme les yeux (comme moi) soit on souffre avec les personnages auxquels on s’attache (comme moi aussi). Cette violence sur-exposée, exacerbée ne serait-elle pas finalement et au contraire nécessaire comme dans les arènes antiques lors des combats de gladiator pour opérer à la catharsis du spectateur? Mais en a-t-il vraiment besoin, cela va-t-il le purger ou le défouler, l'empêcher d'en arriver à cette perte de domination de lui-même? Tout préfigure la violence, du générique rouge sang du début jusqu’au carnage final qui selon certains a été déclenché par un acte inutile mais vous révéler lequel serait faire du spoil. En tout cas, il est vrai que le début du film est génial et contraste grandement avec une fin longuette qui aurait pu être largement raccourcie. Tarantino en rajoute et en rajoute encore une couche au lieu d’en finir plus rapidement. D’ailleurs, son apparition à la fin en tant qu’acteur m’a dérangée : on a l’impression qu’ils n’ont pas eu assez de budget pour embaucher un énième figurant ou que le réalisateur veut se montrer à l’écran. C’est totalement inutile et je trouve que chacun doit rester à sa place, en l’occurrence le réalisateur derrière sa caméra à exercer tout son talent. M’enfin passons, ce n’est qu’un détail.


En parlant du casting… 

Jamie Foxx en personnage leader, Christoph Waltz en chasseur de prime allemand raffiné et ayant l’art de la négociation diplomatique, DiCaprio en Monsieur Candy déluré et dandy ou encore Samuel L. Jackson (acteur fétiche de Tarantino) en vieux pépé aigri et insupportable excèlent dans leur prestation et leur personnage semblent taillés au millimètre pour eux. Ils sont juste prenants, à fond dedans, réalistes, exagérés au maximum ou toute en retenue comme il faut. Chaque réplique est un souffle que l’on retient, chaque dialogue a un rythme propre qui nous tient en haleine car dans ce monde de truands et de brutes tout peut basculer au moindre mot de travers. Chaque échange est une dynamite dynamique. Chaque interpellation nous fait avoir des sueurs froides dans notre siège. Le scénario est juste parfait, on sent le travail de perfectionniste derrière et surtout on sent que c’est une équipe qui tourne bien ensemble, qui a une cohésion qui nous propose ce western d’un genre nouveau. Django reprend à la fois les thèmes classiques des western (et reprend le Django de Sergio Corbucci de 1966) tout en innovant avec la touche personnelle à la Tarantino. Les fleurs de coton immaculées de fines gouttes de sang nous rappellent la neige tâchée du même liquide rouge dans Kill Bill et l’imagerie des paysages américains sous le soleil brûlant est magnifique. Chaque image est une photographie qui s’accompagne d’une musique tout à la fois surprenante (raps de bads boys qui en imposent) et entraînante, ponctuant l’action avec dynamisme et s’arrêtant net lorsque le silence suffit à emplir nos oreilles de suspens. Si cette musique est si géniale c'est parce qu'elle est en partie réalisée par le classique compositeur italien des western Ennio Morricone. La bande originale est ainsi à la fois classiquement représentative des westerns (harmonica, guitare classique) tout en se démarquant par son originalité (raps d'action, voix douce féminine, etc.).



Le thème historique de l'esclavage est rendu beaucoup plus vivant dans Django. L'aspect historique n'empêche toutefois pas au film de prendre du recul sur toute cette folie en l'ironisant et en la critiquant avec cynisme et humour, comme sait si bien le faire Tarantino. Par exemple, la scène où Django est à cheval et que le village entier le dévisage ou lorsqu'il se transforme en chasseur de prime c'est-à-dire un noir payé pour tuer des blancs, si ce n'est pas génial à une époque esclavagiste! Quoi qu'il en soit, le film est cadré, taillé, construit au millimètre près ce qui lui donne une précision appréciable. En somme, la bande originale est aussi impeccable que la réalisation, le montage et le jeu des acteurs. A voir absolument! 

Alors, tous à vos écrans ! 

(Merci aux débats et idées fructueuses de mes amis cinéphiles qui ont implicitement contribué à l'écriture de cette analyse)