De Sofia Coppola
Avec Emma Watson, Katie Chang, Israel Broussard
Genre: Drame, Faits divers
Américain
Le nouveau film de Sofia Coppola est très divertissant et en jette. Après Virgin Suicides et Marie-Antoinette, la réalisatrice s'attaque de nouveau à mettre en scène de jeunes adolescentes perturbées mais dynamiques. Dans The bling ring, surnom donné au groupe de protagonistes, des lycéennes et un jeune garçon se mettent à voler dans les villas les plus prestigieuses des grandes célébrités people et cinéma sur la côté Ouest des Etats-Unis. Paris Hilton, Lindsay Lohan... tout le gratin californien est mentionné. Ils apparaissent d'ailleurs comme peu prudents: leurs maisons s'ouvrent aussi facilement que des portes sur lesquelles on aurait laissé toutes les clés.
Bande Annonce VOST
Le sujet du film apparaît de prime abord comme un fait divers (l'histoire provient de faits réels qui ont eu lieu en 2009) peu intéressant et sans doute bien trop maigre pour en faire un long-métrage. A la limite un court... Pourtant, la réussite de Coppola c'est justement cela: de savoir exploiter un fait et d'en tirer un maximum d'images et de ressentis. Le générique explose les yeux: lettres flashis jaunes et rose fluo, articles de luxe et de mode. Ceux-ci apparaissent d'ailleurs tout du long : on est noyé autant que les voleurs de stars dans les talons aiguilles, les bijoux en or et argent, les diamants, les robes de grands couturiers, des sacs de marques renommées qui font leurs nombreux placements de produits et autres articles de luxe à vous en faire tourner la tête. Peut-être le sujet était-il d'ailleurs vraiment trop mince: parfois le sentiment de répétition peut s'installer... Mais Coppola essaye de diversifier habilement les angles de prises de vues ou les manières de filmer (images caméra vidéo notamment, intérieur/extérieur, etc.)
En effet, les jeunes ados sont en proie au phénomène de fashion victim. Ils idolâtrent l'apparence et les stars ou plutôt ce qu'elles portent. Le look a d'ailleurs tellement d'importance à leurs yeux que c'est par les objets et les marques qu'ils brillent. Ils veulent se démarquer en prouvant leurs possibilité et surtout leur courage, leur frivolité et leur audace. "On a peur de rien, on se sent libres (plus qu'on ne l'est d'ailleurs) et on veut le montrer à la terre entière". Du coup, ils se vantent auprès de leurs amis en soirée de leurs méfaits et n'hésitent pas à carrément vendre leurs articles volés pour mener la belle vie de luxe dont ils rêvent. En boîte, ils exhibent leurs corps puisqu'ils n'ont rien d'autre à montrer de toute façon. C'est en effet leur bêtise de répéter à tout le monde leurs pillages qui les trahira en justice. Je note donc un défaut de la part du film: il aurait été intéressant d'approfondir la cause de ces vols, de se pencher sur les raisons qui ont poussé ces jeunes à commettre ces crimes au lieu de trop s'appuyer sur l'aspect superficiel des choses. Ces jeunes bourgeois n'étaient-ils vraiment que dans l'ennui? Le manque d'encadrement et d'éthique total? l'envie de reconnaissance? La fascination de ces célébrités mystifiées auprès des jeunes facilement influençables? Autant de questions sociales restées sans réponses.
Cinématographiquement, Sofia Coppola est par contre au rendez-vous. Les plans saccadés et rapides donnent une pêche d'enfer! Ils s'alternent cependant à des plans légèrement plus longs où l'image ralentie et le dialogue silencieux prennent leur sens. Comme un spectateur le dit à la sortie des salles, "jamais le slow motion n'a été mieux maîtrisé". Mais ce n'est en fait pas très surprenant quand on sait que la réalisatrice réussit à ne pas nous ennuyer devant un film aussi spécial et lent que Lost in translation. Au contraire de l'ennui, elle nous emporte dans un univers particulier en nous en montrant toutes les facettes particulières. La musique est claquante et parfaitement en rythme et en accord avec les images, elle est aussi "jeun's". Aucune déception, Coppola nous conforte même dans l'idée qu'elle maîtrise absolument non seulement son sujet mais aussi sa technique.
Emma Watson
Un petit mot sur le casting: les parents sont juste parfaits dans leur bêtise et leur incrédulité face à des événements qu'ils ne maîtrisent pas du tout puisqu'ils n'ont jamais cherché à les connaître. Emma Watson quant à elle passe pour une parfaite américaine et se détache de son image de fille sage anglaise et intellectuelle qui lui collait à la peau depuis Harry Potter. Les autres adolescents ont le mérite de ne pas surjouer leurs personnages et d'être pile poil dans un rôle qui aurait pu être le leur. En effet, facile de s'identifier si on a entre 15 et 18 ans. Et sinon, on se demande "mais où sont les parents?!". Ils ne sont jamais à la maison, en revanche, quand la police débarque à la porte de chaque maison, ils sont tous présents pour accueillir les mauvaises nouvelles.
A la fin du film, on ne peut s'empêcher d'avoir une petite réflexion par rapport au jugement dont font preuve les jeunes. Certains écopent de prison ferme, et tous doivent payer des amendes exorbitantes. Est-ce que ça valait vraiment le coup? Détruire sa jeunesse pour ça... c'est quand même dommage. D'un autre côté, est-ce que les juges ont été trop durs? Après tout, une rolex en plus ou une rolex en moins dans la boîte d'Orlando Bloom, qu'est-ce ça change pour ces millionnaires? Mais en réalité, c'est un jugement moral et éthique qui est porté: "le vol c'est mal, que l'on vole un mendiant ou que l'on vole une personne fortunée". C'est surtout le viol de l'intimité qui est condamné et condamnable.
Sofia Coppola n'a pas perdu la main et est pleine forme. Elle nous divertit et sait nous montrer un événement du début à la fin avec dynamisme et quelques temps plus posés de réflexion. Un bon moment à passer devant votre écran, même si vous n'êtes pas fanas de mode.
Sofia Coppola n'a pas perdu la main et est pleine forme. Elle nous divertit et sait nous montrer un événement du début à la fin avec dynamisme et quelques temps plus posés de réflexion. Un bon moment à passer devant votre écran, même si vous n'êtes pas fanas de mode.
Alors, tous à vos écrans!